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"Cette époque nous impose de savoir faire des concessions" – Thierry Berger (CVL Cosmetics - Valmont)

Écrit par
Publié le
14
February
2022

Bonjour Thierry, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis responsable logistique de CVL Cosmetics et en particulier de notre site logistique de Vétroz (Valais). J’ai intégré Valmont il y a cinq ans après un parcours professionnel pour le moins atypique : cuisinier de métier, j’ai travaillé dans plusieurs restaurants, avant de me réorienter dans la logistique… qui a beaucoup de points communs avec la cuisine.

Parlez-nous de CVL Cosmetics…

Maison mère de la marque Valmont, CVL Cosmetics est une entreprise suisse qui a plus de 30 ans et qui compte aujourd’hui pas loin de 300 salariés dans le monde. CVL Cosmetics développe les produits de la gamme Valmont, Elixir des Glaciers et les parfums Storie Veneziane. Nous sommes présents dans le monde entier – Amérique du nord, Asie, Moyen-Orient et bien sûr Europe – via huit filiales qui se chargent de vendre nos produits à des distributeurs, des SPA ou par le biais de nos Maisons Valmont.

Quels sont vos caractéristiques en termes de transport et logistique ?

C’est très complet, nous allons du micro au macro et le tout de façon très multimodale ! Nous avons cinq types de flux :

  • Les transports intérieurs en Suisse ;
  • Les importations d’articles de conditionnement (AC), comme les étuis et les coffrets, depuis la France, l’Italie ou l’Asie, vers notre site logistique suisse. C’est 70 % de routier environ, pour 25 % de maritime et 5 % d’aérien ;
  • La livraison de ces AC à nos laboratoires-prestataires en Suisse, en France ou en Italie ;
  • Le retour des produits finis vers notre centre suisse ;
  • L’exportation des produits-finis à l’international, à 75% en aérien car nous sommes sur du luxe.

Le maritime ne fait donc pas partie de vos options ?

Sauf pour l’importation des articles de conditionnement, non. D’abord parce que les délais sont devenus beaucoup trop longs, ce qui obligerait les filiales à augmenter leurs stocks pour palier les lenteurs du transport. En maritime, nous perdrions un mois et demi et serions obligés d’avoir des conteneurs Reefer. Bref, trop de variables pour peu de bénéfice. Le maritime n’est pour nous pas compatible avec l’exigence de souplesse.

Avec des flux très variés entre national et international, et dans ce contexte difficile, la souplesse est-elle pour vous indispensable ?

Quand on fait ce métier, il faut être extrêmement souple, polyvalent et avoir un carnet d’adresses large, car aucun acteur ne pourra vous proposer toutes les solutions de transport. Et c’est peut-être aussi dans notre ADN suisse d’indépendance ! Je ne veux pas m’enfermer dans une seule relation. Il est nécessaire aujourd’hui de toute façon de faire preuve d’une agilité maximale. Par exemple, il m’est arrivé d’organiser des transports de dernière minute en taxi ou à vélo !

Mais quand on parle d’import-export, comment garantir la souplesse aujourd’hui ?

C’est au niveau de la capacité à livrer en temps et en heure que tout se joue. Le prix, on le subit. Se battre pour gagner 10 % ? Aucun intérêt selon moi. Ma priorité est placée sur la qualité de service. Alors s’il faut partir de Gènes et non pas de Rotterdam pour que les délais soient tenus, il faut le faire. Cette époque nous impose de savoir faire des concessions.

Comment abordez-vous les mois à venir et cette année 2022 ?

Il y a des signaux positifs. Notre activité est bien repartie et les prévisions sur le premier trimestre 2022 sont bonnes. Certes le Covid commence à perdre en impact, mais il faut accepter qu’après deux ans de crise, un retour à la normale ne se fasse pas en quelques mois. Petit bémol toutefois côté production chinoise, je constate une légère dégradation, toutes les usines ne semblent pas redémarrer normalement après le Chinese New Year. Enfin, je suis très vigilant sur la situation géopolitique en Europe de l’Est. Nous devons l’avoir en tête.

Comment ces deux années ont-elles changé votre façon de travailler ?

Nous sommes plus attentifs, plus à l’écoute de ce qui se passe. Nous observons davantage, nous levons la tête de l’activité pour prendre plus de hauteur. L’autre bienfait de cette période Covid est que nous avons renforcé nos réseaux, participé à des séminaires, lu davantage… Bref, augmenté notre niveau de connaissance du marché. Au final, ce métier est devenu plus intéressant. Nous devenons des acteurs stratégiques au quotidien.

En substance, quels conseils donneriez-vous à d’autres chargeurs ?

Souplesse, réactivité et écoute. Prendre du recul et se faire un très bon réseau, c’est ce qui permet d’être réactif en transport. On ne peut pas tout savoir, il faut donc puiser la connaissance chez ceux qui l’ont et donc multiplier les contacts. Être agile, c’est ne jamais se cantonner à un moule ou des relations rigides.